Slow fashion : bien plus qu’un effet de mode, un engagement

Initiative inspirante :
Consommer autrement

Vivez simplement © Patagonia

Texte : Florence Cazali

S’habiller responsable :
la nouvelle façon de consommer la mode

Vêtements à prix cassés, collections qui sortent à un rythme effréné, difficile de ne pas succomber à l’achat impulsif. Pourtant, si nous ne changeons pas nos habitudes de consommer, d’ici 2050 l’industrie textile aura épuisé un quart du budget carbone mondial. 

Comment s’habiller tout en respectant l’écologie ? Comment se vêtir éthique ?
Par l’avènement du mouvement slow fashion, des alternatives aux circuits habituels de l’habillement se sont largement développées.

On vous explique pourquoi et comment faire la
transition vers une mode écoresponsable.

 

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"Acheter moins, Choisir mieux, Garder longtemps" © edward-howell


S’engager dans une mode éthique

Le 24 avril 2013, l’usine textile Rana Plaza au Bangladesh s’effondrait, causant la mort de 1 100 ouvriers et ouvrières et blessant 2 500 personnes. Elle abritait des ateliers de confection pour le compte de distributeurs occidentaux de la mode qui faisaient fabriquer leurs collections à moindre coût par une main-d’œuvre sous-payée.
De ce drame, une prise de conscience collective voit le jour.

On dénonce les conditions de travail désastreuses des ouvriers du secteur textile et l’on réclame une transparence dans la chaîne de production.
À quand une mode respectueuse des droits de l’homme et un salaire décent pour tous les travailleurs de l’habillement ?

L’avancée vers un engagement éthique de l’industrie du textile reste encore très lente et largement insuffisante. Pour pallier cette situation, les marques issues du commerce équitable (labels Fairtrade, WFTO, etc.) sont une bonne option. Néanmoins, la démarche slow fashion privilégie les circuits courts de production et de distribution. Elle se tourne vers les entreprises qui fabriquent localement et produisent à petite échelle. On s’assure ainsi généralement de conditions de travail meilleures qu’en Asie, on encourage un savoir-faire, on mise sur la qualité et l’on diminue son empreinte carbone. 

Pour connaître la provenance, il est important de vérifier les étiquettes sur les habits. Toutefois, la mention « Made in France » ou « Made in Europe » atteste seulement qu’une partie du processus de fabrication a été réalisée dans la zone géographique mentionnée. Il est donc assez difficile d’obtenir l’entière traçabilité de la confection d’un vêtement.

Pour lutter efficacement contre les dérives de la délocalisation, moins acheter reste certainement la meilleure solution.

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"REDUIRE, Réutiliser, Recycler, Répéter"


S’habiller écolo

L’industrie de la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde après l’industrie pétrolière. 100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde. Une production de masse qui pollue et épuise considérablement nos ressources naturelles non renouvelables.

 

Le cycle de vie du vêtement :
un vrai problème environnemental

Afin de mesurer l’empreinte écologique d’un habit, il faut s’intéresser au cycle de vie du vêtement :

  • La production des matières premières :
    La production de textile consomme 4 % de l’eau potable dans le monde. La culture du coton utilise près de 25 % des pesticides à l’échelle mondiale et le polyester est fabriqué à partir du pétrole.
  • La transformation des matières premières :
    Les produits chimiques utilisés lors du traitement des textiles sont déversés dans les océans.
  • La fabrication et le transport :
    1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre sont émises chaque année par l’industrie du textile, ce qui équivaut au trafic aérien et maritime mondial réuni.
  • L’entretien du vêtement :
    Chaque année, les vêtements relâchent environ 500 000 tonnes de microfibres de plastique dans les océans. Cela correspond à 50 milliards de bouteilles de plastique.
  • La fin de vie du vêtement :
    3 millions de tonnes de vêtements sont jetées par an en Europe dont seuls 15 % sont recyclés (2/3 sont réutilisés et 1/3 sont transformés).
    Paul Doertenbach, directeur des ventes et du marketing d’I:CO se désole que « 85 % des habits jetés terminent dans une décharge à ciel ouvert ou sont incinérés ».
 
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"Le cycle de vie des produits textiles" - Rapport Le revers de mon look © ADEME



L’analyse des étiquettes pour vérifier la conception

Ces chiffres sont très préoccupants pour le mouvement slow fashion dont la priorité est de préserver l’environnement.
C’est pourquoi avant de se procurer un pull, un pantalon, une robe ou un tout autre habit, ce dernier doit être analysé à la loupe :

  • on privilégie les vêtements composés d’une seule matière, car ils sont plus facilement recyclables ;
  • on préfère les matières naturelles comme le coton biologique, le lin, le chanvre ou les fibres recyclées ;
  • on adopte le jean brut plutôt que délavé ;
  • on opte pour les pièces fabriquées à l’aide de tissus non teints. Pour apporter de la couleur dans son dressing, on s’oriente vers des cotons naturellement colorés, ou des vêtements teints à partir de végétaux ;
  • on pense aux marques avec des labels environnementaux (Écolabel européen, Ecocert Textile, GOTS, etc.). Ils certifient des procédés de fabrication écologiques.

L’impact environnemental de toute la chaîne de production du vêtement est colossal et les déchets vestimentaires gigantesques.

Face à ce problème écologique d’envergure, il est important de limiter avant tout l’achat de nouvelles tenues au strict nécessaire.

 

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"Qui fabrique mes vêtements ?" Slow Fashion Movement ©Fashionrevolution.org


Porter des tenues conçues de manière durables

Les dégâts de la fast fashion :
vers une prise de conscience

La slow fashion s’oppose à la fast fashion, une mode peu onéreuse et jetable. Prix attractifs, collections éphémères, une méthode efficace qui pousse le consommateur à acheter toujours plus pour rester « tendance ». 

Nous sommes dans une ère d’obsolescence des produits, gouvernée par le seul profit de l’industrie du textile. On achète, on consomme, on jette. Cependant, il est primordial que nos habitudes de consommation changent.
À renouveler sans cesse notre garde-robe, nous créons un volume de déchets textiles dramatique pour l’environnement.
Le site Novethic a mesuré la quantité du gaspillage vestimentaire :

  • environ 70 % des tenues ne sortent jamais de la penderie ;
  • les vêtements sont portés en moyenne entre 7 à 10 fois ;
  • un Français achète en moyenne 9 kg d’habits par an et en donne 3 kg ;
  • dans le monde, l’équivalent d’une benne de vêtements est jeté chaque seconde.
 
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La stratégie de la marque Patagonia repose sur la réparation,
un achat doit être fait uniquement si l'on en a un réel besoin © Patagonia


La réutilisation des habits vue comme une solution

La slow fashion s’inscrit dans une façon de consommer qui est la moins dommageable possible pour notre planète. Elle privilégie pour cela les textiles durables et les tissus résistant à l’épreuve du temps. 

Tout comme le slow digital, elle se place dans une économie circulaire. On réutilise et prolonge la vie d’un équipement numérique jusqu’à ce qu’il soit recyclé. Le procédé est identique pour les vêtements qu’ils soient abîmés, oubliés ou démodés.

Par l’achat de produits d’occasions en friperie ou dans les vide-greniers, par l’échange, la donation, la location, la réparation, l’upcycling, etc. on permet le réemploi des habits. Tout en faisant des économies, on préserve notre écosystème. Cependant, certains sites de vente en ligne de seconde main, sous couvert d’une revente quasi assurée d’accessoires de mode, alimentent la surconsommation. Des dérives qui vont à l’encontre des principes de l’habillement responsable.

Par le tri des textiles et des chaussures usées que l’on rapporte dans des associations, magasins, conteneurs, etc., on participe au recyclage. Elle est l’étape ultime de la fin de vie du vêtement. 

 

Les limites du recyclage

Avoir les bons gestes permet de réduire la production de déchets. Pour autant, les problèmes environnementaux perdurent. Tous les textiles ne peuvent être recyclés ou le sont difficilement. Ainsi les matières mixtes, les accessoires (boutons, rivets, etc.) et les tissus à motifs n’ont pas la possibilité d’être traités pour être récupérés.

 Il ne faut pas oublier également que le recyclage est une activité industrielle émettrice de pollution et consommatrice de ressources. Elle réduit certes les impacts environnementaux, mais elle ne les supprime pas.
C’est pourquoi il est nécessaire de diminuer les déchets à la source en fabriquant moins vite et en consommant moins vite. Tels sont les fondamentaux de la slow fashion et plus globalement du mouvement « slow » qui signifie ralentir. 

 

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©Art.com


Éviter le piège de certaines marques
qui se considèrent slow fashion

Transparence ou stratégie ?

Les enseignes de mode le savent bien, pour continuer à séduire la clientèle elles doivent s’adapter aux priorités de ces nouveaux consommateurs adeptes de la slow fashion. Mais sont-elles vraiment prêtes à changer leur modèle économique ?

Les engagements éthiques et écologiques des marques restent encore et pour beaucoup d’entre elles, une stratégie marketing visant à rassurer le consommateur. Elles affichent des préoccupations environnementales bien loin de leurs pratiques réelles. Le seul but étant de diffuser une image positive et écoresponsable, afin d’inciter le consommateur à acheter davantage. C’est ce qu’on appelle le greenwashing.

Véritable opération de communication, la vigilance doit être de mise afin de distinguer transparence et stratégie. Pour cela, il faut être capable d’identifier les engagements et mesurer les actions des enseignes de prêt-à-porter. Malgré des motivations sincères et désintéressées de certaines marques, continuer à acheter reste un acte néfaste pour notre environnement. Du fait entre autres des limites du recyclage, la slow fashion préconise avant tout la sobriété.

 

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Fabriquer les meilleurs produits, Ne pas causer des dommages inutiles,
Utiliser l'entreprise pour inspirer et mettre en œuvre des solutions à la crise environnementale © Patagonia



Mieux consommer pour consommer moins

Voici quelques bons gestes à adopter pour se vêtir de façon écoresponsable et voir sa consommation d’habits diminuer :

  • on minimaliste son dressing en ne conservant que les pièces essentielles, celles que l’on a l’habitude de porter et que l’on aime vraiment ;
  • on évite les achats impulsifs et coups de cœur par l’acquisition réfléchie et nécessaire de chaque nouvel article ;
  • on choisit des vêtements au design intemporel qui passe les saisons et les années pour se constituer un dressing indémodable ;
  • on affirme ses choix vestimentaires sans se soucier des codes de la mode. On échappe ainsi aux tentations et à l’uniformisation des styles tout en mettant sa personnalité en avant.

Nous sommes de plus en plus nombreux à être préoccupés par les impacts environnementaux et humains de notre penderie. Pas étonnant que le mouvement slow fashion gagne en popularité.

En tant que consommateurs de la mode, nous avons le pouvoir de faire évoluer l’industrie du textile en changeant nos habitudes.
À vous de faire en sorte que vos habits ne reflètent plus seulement votre style, mais également vos valeurs ! 



Patagonia, la marque qui essaie d’être juste pour l’environnement : « Don’t buy it, if you don’t need it »

Petite vidéo de Patagonia 1.19 minutes qui résume bien la situation et donne espoir :

Pour aller plus loin :

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