Mélusine Mallender,
l’Exploratrice à Moto

Portrait d'aventurier
Voyager autrement

La route du Tigre @Mélusine Mallender

Texte : Virginie Phily

Mélusine Mallender,
motarde et exploratrice

Explorer le monde, aller à la rencontre des autres et d’elle-même, c’est la vie d’aventurière que Mélusine Mallender a choisi de s’offrir. Cette jeune française de 41 ans parcourt la planète depuis 2009, année de son tout premier périple à travers la Patagonie. Si ce voyage initiatique à pied et en kayak se fait aux côtés de son compagnon, l’explorateur suisse Christian Clot, c’est en solitaire et au guidon d’une moto que se feront les prochaines expéditions.

Immense sourire aux lèvres et blouson de cuir, Mélusine se présente comme « exploratrice, aventurière, motarde, humaniste, féministe, rêveuse, curieuse… ». Son parcours, ce sont 11 ans à la rencontre de populations de tous continents et près de 120 000 kilomètres avalés sur deux roues, sur les pistes et routes du monde entier. Un incroyable itinéraire qui lui permet de devenir, en 2015, une des rares femmes à entrer dans la sélective Société Française des Explorateurs.
Depuis 2010, la globe-trotteuse n’a de cesse de demander à toutes les femmes qui croisent son chemin : « Pour toi, la liberté c’est quoi ? » Un témoignage qu’elle partage aujourd’hui à travers ses films documentaires et ses écrits.
Voici le portrait de Mélusine Mallender, l’exploratrice à moto.

 

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© Mélusine Mallender

« Un voyage c’est découvrir, c’est se poser des questions, c’est se remettre en cause, c’est des rencontres.
Rencontres avec un milieu, rencontres avec des personnes. C’est ça un voyage, mais ça peut être aussi au bout de la rue » !

Interview Mélusine Mallender. Ne te dégonfle pas saison 3

Une aventurière passionnée de deux-roues

C’est à moto que Mélusine Mallender décide de se lancer dans la grande aventure de l’exploration. Une moyen de locomotion qui s’est, pour cette fille de motards, imposé sans plus réfléchir. Depuis ses 18 ans et l’acquisition de son permis 125, elle se déplace équipée de son cuir et son casque.

 

La découverte du voyage

En 2002, elle entreprend un Tour de France à moto, premier long voyage en solitaire après 4 ans de missions humanitaires et de découvertes sac au dos. Pour Mélusine, partir en expédition en deux-roues a un véritable goût de liberté. L’air, l’atmosphère, les ronronnements du moteur sont autant de sensations dont elle ne veut plus se passer. Ses motos sont des amies, des compagnes de vie qui portent toutes un prénom.

C’est d’ailleurs pour rendre hommage à Poupy, sa Varadero 125, 110 000 kilomètres au compteur, qu’elle décide de traverser les continents européen et asiatique, direction le Japon. 4 mois et 22 000 kilomètres plus tard, sa compagne de fer rend son dernier souffle à Vladivostok. La baroudeuse l’y abandonne et repart avec une nouvelle envie chevillée au corps : explorer d’autres ailleurs sur sa selle.

 

 

La moto comme passeport

Les destinations suivantes lui donnent raison. Partout où ses pas la mènent, la moto est un vecteur de rencontres. On la regarde, on l’interroge, s’étonnant souvent de voir une femme piloter un tel engin. En Iran, les femmes n’ont pas le droit de passer le permis moto et de rouler sur route. Qu’à cela ne tienne, certaines pilotent leur moto-cross sur des pistes et terrains bosselés, appliquant la loi au pied de la lettre et conquérant ainsi leur propre liberté.

Cette liberté si complexe qu’elle vit sur deux roues, Mélusine veut l’étudier et la comprendre chez les autres, partout sur la planète.

 

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Les Routes Persanes "Ne te dégonfle pas" ©Mélusine Mallender

Des expéditions en solitaire
aux 4 coins du globe

De son premier voyage en direction du Japon, Mélusine retire l’envie furieuse de repartir à l’aventure, de traverser d’autres contrées inconnues et mal-aimées. Malgré les difficultés d’un périple en solo, la peur aussi, la jeune exploratrice boucle une seconde fois son backpack en 2011.  

De l’Asie à l’Afrique

Sa prochaine expédition en terres persanes, de Paris au Kirghizistan et retour, est longue de 28 000 kilomètres, avec 17 pays visités. Elle l’emmène notamment en Iran, un pays chaleureux et accueillant qui interroge pourtant quant à la place de la femme. Rejointe par son conjoint Christian Clot dans des parties du territoire où elle n’a pas le droit de circuler seule, Mélusine constate que le comportement des autochtones à son égard est différent. On s’adresse en priorité à Christian, elle se contente de suivre : c’est pour elle une véritable révélation. Ses voyages seront bien plus riches de rencontres et de paroles si elle roule en solitaire.

Après les sommets des monts Rwenzori (Ouganda) en 2013, la courageuse aventurière retourne en Afrique en 2015, à la découverte des Grands Lacs. Sur plus de 15 000 kilomètres, elle découvre 8 pays complexes, beaux et uniques, où les habitantes sont à la fois fortes et malmenées. Mélusine enchaîne les rencontres au cœur de la savane et des villages et se nourrit des témoignages des hommes et femmes qu’elle croise.

Voyageuse solitaire

Ses prochaines expéditions guident ses roues et sa caméra sur la route du Tigre (de l’Indonésie à l’Inde, au Népal et au Pakistan en passant par le Myanmar, ex-Birmanie) où elle poursuit son exploration de la notion de liberté, mais aussi de la solitude.

Être une femme qui voyage seule est une expérience faite de difficultés. Les conditions climatiques extrêmes, la fatigue, les chutes ont parfois découragé Mélusine, pour un instant seulement. Prendre la route en solo comporte aussi son lot de frayeurs. Une peur permanente et salvatrice, qui permet à la globe-trotteuse de rester vigilante et ferme dans des pays où les hommes ne sont pas habitués à être repoussés par la gent féminine.

Dernier périple en date pour cette incroyable baroudeuse: l’Amérique Latine, où elle choisit entre 2018 et 2019 de s’arrêter tout particulièrement en Bolivie, en Colombie, au Guatemala et au Mexique. Elle y rencontre de nouvelles femmes passionnantes et poursuit sa quête avec cette question qui revient en boucle : « La liberté, c’est quoi ? »

 

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Expédition Afrique ©Mélusine Mallender

Mélusine Mallender, exploratrice à moto
en quête de liberté

En France, la liberté est une devise, elle s’affiche en grand sur les frontons de nos mairies et de nos écoles. On pense la connaître, elle fait partie de notre patrimoine : mais la liberté ailleurs ? Comment s’exprime-t-elle ? Sur quoi porte le combat incessant pour l’acquérir ou la conserver ?

 

La liberté, c’est quoi ?

C’est lors de sa traversée de l’Iran que naît réellement ce questionnement chez Mélusine Mallender. Dans une contrée où la religion semble, pour nous occidentaux, contraindre les femmes à un certain abandon de leurs droits, notre exploratrice à moto découvre une autre facette chez les iraniennes. Le port du voile en extérieur les incite à ruser pour faire valoir la beauté de leur visage. Chez elles, le voile laisse place au jean et au tee-shirt. Elles n’ont pas le droit de conduire une moto sur le bitume ? Qu’importe, elles feront du cross. 

La liberté se conquiert à chaque instant, s’infiltre dans chaque interstice vide de règles. Elle existe partout dans le monde et sous toutes les formes. C’est cette envie de la découvrir et de la comprendre qui va devenir le moteur de Mélusine lors de ses prochains voyages.

 

« Les Voies de la Liberté »

Au gré de ses rencontres et des pays traversés, les réponses sont uniques et interpellent. Certaines femmes n’ont jamais entendu le terme de « liberté », d’autres ne se sentent pas libres. Leur témoignage est bouleversant. Cependant, un espoir ressort de cette quête : chacune veut prendre sa part de liberté là où elle peut la trouver, avec force et conviction.

Cette façon de se réapproprier des choses interdites ou de les contourner, c’est l’une des définitions que Mélusine recueille lors de son aventure.

Au Rwanda, elle rencontre les tambourineuses, un groupe symbole de l’émancipation féminine et porteur d’espoir pour tant d’autres. Dans un pays meurtri où le tambour était traditionnellement interdit aux femmes, cette reconquête de leurs droits par ces dernières envoie un message fort qui marque profondément l’aventurière.

De ces découvertes riches de partage est né le projet Road for Freedom, « Les Voies de la Liberté », qu’elle choisit de partager avec le monde entier, en images et en mots.

 

 

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"Ingoma Nshya", groupe de femmes tambourinaires au Rwanda © Peace Insight

Des aventures partagées
en images et en mots

Voyager caméra au poing

Si Mélusine Mallender trace son chemin sur les routes du monde en solitaire, elle veut tout d’abord garder une trace de ses voyages pour son entourage. Elle choisit donc de se filmer, seule la plupart du temps. Confidente et témoin de ses aventures, la caméra lui permet aussi d’extérioriser les moments difficiles de ces expéditions où elle est livrée à elle-même.

Lorsque son compagnon et aventurier Christian Clot la rejoint sur de petites portions du voyage, elle le place derrière l’objectif. C’est l’opportunité pour elle de donner une autre dimension à ses vidéos.
Au fur et à mesure de ses rencontres, l’exploratrice, caméra au poing, se découvre un autre rôle.
Témoin privilégiée de femmes, de tribus, de peuples incroyablement résilients ou plongés dans une profonde souffrance, elle ne peut se contenter d’écouter. Mélusine l’anthropologue devient alors passeuse d’histoires et du message fort de ces êtres humains à qui l’on a parfois ôté leur dignité.

 

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Mélusine Mallender, "Ne te dégonfle pas" ©Mélusine Mallender


Une passeuse d’histoires

De ces extraordinaires épopées naissent 15 documentaires, diffusés par la chaîne Voyage dans une série intitulée « Ne te dégonfle pas ». Elle y dévoile la beauté des paysages traversés mais surtout celle des visages, des émotions et de la confiance que chaque personne a placé en elle en témoignant.

Mélusine publie également en octobre 2020 un livre racontant ses trois premières expéditions et sa recherche du sens de la liberté. Reprenant le nom de son projet Road for Freedom, « Les Voies de la Liberté » paraîtra en poche en février 2022. 
Films et livre sont des témoignages complémentaires de l’incroyable quête de cette jeune exploratrice. Mélusine Mallender, motarde, femme libre et déterminée, est une messagère de l’incroyable richesse culturelle de notre planète.

Sur son site internet et sur les réseaux sociaux, Mélusine Mallender continue de défendre avec vigueur la cause des femmes et la liberté sous toutes ses formes.
Sous le hashtag #shareyourfreedom elle donne aux femmes du monde entier l’opportunité de s’exprimer. Mais pas question pour elle de s’arrêter là : elle compte bien repartir sur les routes et poursuivre sa quête.

Sa prochaine aventure : allier exploration et écologie en pilotant une moto roulant à l’énergie solaire et à l’hydrogène. Nul doute que Mélusine nous emmènera encore au bout du monde !

 

 

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